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PATHOLOGIE MATERNO-FÅ’TALE
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Hémorragie du post-partum précoce
Objectifs
Évaluer la gravité et gérer le temps.
Veiller à la coordination entre les différents intervenants.
Prendre en charge les transfusions sanguines éventuelles, gérer la traçabi-
lité des dérivés sanguins.
La prise en charge doit être immédiate. Aucun retard ne peut être
toléré.
Définition
L’hémorragie du post-partum précoce (HPP) est une hémorragie qui sur-
vient dans les 24 h après un accouchement. Elle est parfois difficile Ã
quantifier. On estime que des pertes sanguines supérieures à 500 mL pour
un accouchement par voie basse, et supérieures à 1 000 mL par césa-
rienne constituent une HPP.
L’HPP est la première cause de décès maternel en France. En maternité, la
prise en charge de ces patientes est bien codi�ée ; la prise en charge d’une
hémorragie de la délivrance à domicile doit s’en inspirer. Les Smur partici-
pent à la prise en charge des hémorragies de la délivrance également en
cas de transfert d’une maternité vers un centre d’embolisation.
Signes
C’est la survenue d’une hémorragie de sang rouge à la vulve après un
accouchement la plupart du temps normal et après la délivrance, sans
signe avant-coureur. Tout saignement après la délivrance doit alerter. La
première cause d’hémorragie est l’atonie utérine, défaut de rétraction uté-
rine après la délivrance ; ensuite, les plaies de la filière génitale, puis
d’autres causes plus rares.
Pendant un accouchement, une femme perd environ moins de 500 mL de
sang ; le saignement s’arrête après la délivrance quand l’utérus se con-
tracte. La présence d’un globe utérin confirme la bonne contractilité de
l’utérus.
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Hémorragie du post-partum précoce
Hémorragie du post-partum : observations cliniques
Pertes
sanguines
500-1 000 mL
10-15 %
1 000-
2 000 mL
1 500-
2 000 mL
25-35 %
2 000-
3 000 mL
35-45 %
15-25 %
Variation de Aucune
Chute légère
(70-
80 mm Hg)
Chute sensible Effondrement
(50-
70 mm Hg)
la PA
pression
systolique)
Symptômeset Palpitations
(88-
(
100 mm Hg)
Faiblesse
Agitation
Pâleur
Collapsus
Polypnée
signes
Étourdissements Sueurs
cliniques
Tachycardie
Tachycardie
Oligurie
Troubles de
conscience
PATIENTES À RISQUES
•
Risque d’hémorragie mécanique d’origine : placenta praevia, césarienne,
placenta accreta, surdistention utérine (grossesse multiple, hydramnios),
utérus �bromateux, anomalies utérines.
•
Risque lié à des anomalies de la coagulation préexistantes : hémophilie
A, maladie de Willebrand.
Maladies acquises de la coagulation : CIVD, complication de la pré-
éclampsie.
Risque lié au déroulement de l’accouchement : �èvre, travail rapide ou
•
•
prolongé, traumatisme de la �lière génitale, rétention placentaire.
Premiers gestes
•
Avoir une attitude rassurante (donner des nouvelles de l’enfant, expli-
quer les gestes à venir).
•
•
Pouls, PA, conscience, FR.
Installer en SAUV.
â?š
En salle de soins
•
•
•
•
Évaluer l’importance de l’hémorragie.
Poser deux voies de gros calibres.
Monitorage des fonctions vitales.
Suivre les manœuvres obstétricales du médecin et l’assister.
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Hémorragie du post-partum précoce
Les femmes enceintes conservent longtemps une bonne
hémodynamique trompeuse : prévoir rapidement un remplissage
par macromolécules (+++).
Prise en charge – Bilans, traitement
Le traitement initial comprend une recherche immédiate des causes de
l’hémorragie et, immédiatement, une mise en place de mesures de réani-
mation.
â?š
Bilan
•
•
Pouls, PA, saturation.
Évaluation de la douleur.
â?š
Examens complémentaires
•
Prélever : NFS, groupe, RAI, crase sanguine complète, ionogramme san-
guin, bilan hépatique.
•
•
Prévenir immédiatement l’hémobiologiste de l’urgence pour le groupe
et les RAI ; lui faire parvenir rapidement les demandes de produits san-
guins labiles.
Lors d’une hémorragie de la délivrance, les bilans sanguins sont répé-
tés : ils permettent de suivre l’évolution de la coagulation et de guider
les apports en dérivés sanguins (culots globulaires, plasma frais congelé,
plaquettes).
â?š
Traitements médicamenteux
•
•
•
•
•
•
Mise en place d’une à deux voies d’abord de gros calibre.
Faire un premier Hémocue.
Oxygénothérapie au masque à haute concentration.
Remplissage vasculaire par macromolécules et cristalloïdes.
Pose d’une sonde urinaire.
Ocytocine (Syntocinon) :
–
–
5 Ã 10 UI en IVL.
Puis : perfusion 10 à 15 UI dans 500 mL de Ringer-lactate ou de sérum
salé.
–
•
Ne pas dépasser 80 UI.
Sulprostone (Nalador) :
–
–
•
200-300 µg/h au PSE.
Ne pas dépasser 500 µg/h.
La pose du pantalon antichoc peut être utile.
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Hémorragie du post-partum précoce
•
L’intubation est d’indication large dans ce contexte hémorragique où
des gestes invasifs peuvent être nécessaires : elle se fera sur le mode de
l’induction en séquence rapide.
L’intubation chez une femme en post-partum est à considérer
comme potentiellement dif�cile. Prévoir le matériel d’intubation
et le matériel d’intubation dif�cile.
â?š
Traitements obstétricaux spécifiques
Les manœuvres obstétricales sont exécutées par le médecin. Il recherche
activement une cause à l’HPP. L’identification de celle-ci permet de mettre
en place un traitement dirigé.
•
Révision utérine : elle est indispensable devant une HPP ; elle vise à enle-
ver d’éventuels résidus placentaires ou des caillots. Pour bien se con-
tracter, un utérus doit être vide (+++).
•
Réfection des plaies : épisiotomie, plaies vaginales, plaies du col, exa-
men gynécologique sous valves.
•
•
•
•
Massage manuel de l’utérus par voie externe.
Ligatures artérielles chirurgicales.
Hystérectomie d’hémostase.
Embolisation artérielle.
Surveillance – Évaluation
•
•
•
Scope.
• Diurèse.
Saturation.
Pression artérielle.
• Surveillance du sang extériorisé.
• NFS régulières et répétés.
Orientation
Après la mise en condition, la stabilisation de la patiente, la prise
en charge doit se faire au niveau d’un bloc obstétrical.
La coordination entre le régulateur du Samu, le médecin
transporteur du Smur, l’obstétricien et l’anesthésiste est
indispensable et la décision de transferts secondaires doit être
consensuelle.
La présence d’une équipe obstétricale disponible, celle de l’anesthésiste et
d’une infirmière anesthésiste sont indispensables. Ceux-ci auront prévenu
l’hémobiologiste.
Une femme en état de choc hémorragique est intransportable.
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