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Plâtre Brachio Anté-Brachio-Palmaire

Adulte
Spécialité : traumatologie /

Points importants

  • Le but est d'immobiliser le bras, le coude à 90°, l'avant bras et le poignet

Indications

  • Fractures du tiers inférieur de l'humérus
  • Fractures du coude (olécrâne, épitrochlée, épicondyle, tête radiale, palette humérale)
  • Fractures diaphysaires des os de l'avant bras
  • Luxation du coude
  • Fracture de Pouteau-Colles

Présentation du matériel

  • Un jersey de 5 à 7 cm de large selon le patient, d'une longueur d'une fois et demie le bras
  • 2 bandes ouatées orthopédiques de 10 cm de large
  • 2 à 3 bandes de plâtre de 10 cm de large
  • Un jersey de 3 cm de large pour le pouce (biseauté)
  • Un coussin pour maintenir le bras surélevé

Description de la technique

fichier_873 fichier_873 - - - Plâtre brachio-antéro-palmaire

  • Enrouler le jersey sur lui-même (environ 8 spires)
  • Insérer sur le poignet
  • Faire une petite encoche pour le pouce
  • Dérouler jusqu'à l'épaule, le plus haut possible
  • Couper le jersey au ras des interphalangiennes
  • Enfiler le petit jersey de 3 cm pour le pouce et le rendre solidaire du grand jersey en collant du sparadrap (en évitant d'en mettre au niveau de la commissure interphalangienne)
  • Disposer la bande ouatée en commençant par le poignet
  • Aller chercher la base du 5ème doigt
  • Couper la bande à l'intérieur de la commissure
  • Recouvrir les têtes métacarpiennes
  • Revenir en coupant légèrement à l'extérieur du pouce la bande ouatée afin de bien recouvrir la commissure
  • Continuer à dérouler jusqu'à environ la moitié de l'avant bras
  • Arrivé à ce niveau, faire des étriers de chaque côté pour préserver une chambre vide au niveau du pli du coude
  • Recouvrir le tout à partir de la racine du bras avec la deuxième bande ouatée. Bien protéger l'olécrâne avec la bande
  • Garder le bras en prono-supination neutre, dorsiflexion du poignet
  • Disposer la 1ère bande de plâtre en commençant par le poignet , en respectant la colonne du pouce. Aller chercher la base du 5ème doigt
  • Respecter le pli palmaire distal
  • Faire une fente intercommissurale
  • Prolonger sur les têtes métacarpiennes
  • Dérouler et confectionner les étriers sans serrer. Le coude doit rester à 90°
  • Pratiquer les éversions distale (bras) et proximales (main, pouce). Les éversions constituent un bourrelet protecteur permettant d'éviter que le plâtre n'entame la peau
  • La 2ème bande de plâtre va être déroulée en commençant par le poignet et en venant capter le bord du jersey sans recouvrir la peau (toujours bien lisser et bien épouser les formes du patient)
  • Poser la main du patient sur un coussin en gardant le coude surélevé
  • Dérouler la dernière bande de plâtre en modelant bien au niveau de l'olécrâne
  • Le plâtre peut-être lissé mais ne doit pas être mouillé à nouveau à la fin de la confection car les couches de plâtre peuvent se désolidariser

Précautions d’emploi

Les limites de l'appareil

  • Distales :
    • têtes des métacarpes
    • pli palmaire libre
    • 5ème doigt non recouvert (risque de nécrose)
    • pouce libre, colonne bien dégagée
  • Proximale :
    • tiers supérieur du bras, creux axillaire dégagé

Position du membre

  • Avant-bras en prono-supination neutre
  • Poignet en position fonctionnelle avec une dorsiflexion de 20 à 25°

Conseil particuliers

  • Retirer tout bijou circulaire
  • Garder le bras en écharpe afin de faciliter le retour veineux
  • La nuit, surélever le bras avec un oreiller

Vérifications

  • Pince possible entre le pouce et les autres doigts
  • Mobilité du bras sans gêne au niveau de l'aisselle

Complications

COMPLICATIONS POSSIBLES POUR TOUS LES PLATRES

La compression

  • Elle entraîne une atteinte nerveuse et circulatoire responsable du syndrome des loges (tuméfaction du membre, cyanose, douleur)
  • La stase sanguine entraîne une augmentation du contenu, donc la pression de la loge musculaire. L'oedème post-traumatique augmente, la pression du plâtre aggrave le phénomène compressif
  • On aboutit à un arrêt du retour veineux et une altération de la circulation artérielle (contracture, atrophie osseuse, troubles trophiques, voire nécrose d'un segment de membre)
  • Une douleur à type de brûlures, de picotements (paresthésies) évoque généralement une compression
  • Une douleur lancinante, intolérable, plus ou moins pulsatile traduit bien souvent une striction
  • Une dorsiflexion douloureuse des doigts ou orteils peut signifier un plâtre trop serré

Le syndrome de Volkmann

  • A partir de la 8ème heure, l'intégrité des fibres musculaires est définitivement compromise. On observe alors une paralysie ischémique des muscles fléchisseurs des doigts et des muscles de l'avant-bras. La main se positionne alors en griffe à cause de la rétraction tendineuse

L'amyotrophie

  • Elle correspond à une fonte de la masse musculaire due à l'immobilisme du membre

Les lésions cutanées

  • Ulcération, escarres, phlyctènes dues à des saillies osseuses comprimées

L'hypertrichose

  • Développement accentué de la pilosité sous le plâtre

La raideur articulaire

  • Due à l'immobilisation prolongée de l'articulation

La phlébite

L'algoneurodystrophie

  • Syndrome loco-régional avec  rétraction de la capsule articulaire
  • Signes :
    • douleur
    • réduction de la mobilité
    • peau fine et humide
    • troubles de la sudation
    • enraidissements articulaires
    • poils érectiles

Le retard de consolidation ou pseudarthrose

  • Facteurs retard dans la consolidation osseuse :
    • âge (ralentissement du métabolisme osseux)
    • fracture diaphysaire
    • fracture ouverte
    • hématome périfracturaire
    • immobilisation insuffisante du foyer de facture
    • interpositions musculaires
    • infections
    • les AINS
    • les corticoïdes

Si les symptômes persistent à la surélévation du membre, il ne faut pas hésiter à faire ouvrir le plâtre (bivalver)

Surveillance

SURVEILLANCE ET CONSEILS GENERAUX POUR TOUS LES PLATRES

Surveillance

Elle doit être minutieuse pendant les 48 premières heures

  • Absence d'oedème ou d'aggravation de l'oedème des doigts ou des orteils, de la colonne du pouce
  • Vérifier la température du membre plâtré (les deux membres doivent être de température égale) :
    • si le membre plâtré est trop chaud, il y a risque de compression veineuse
    • s'il est trop froid, il faut craindre une compression artérielle
  • Observer la mobilité (le patient doit pouvoir bouger volontairement les doigts ou les orteils). Si la pince entre le pouce et les autres doigts ne peut être obtenue, vérifier que la commissure du pouce ne soit pas indûment recouverte par le plâtre. Sinon, faire une échancrure.
  • Vérifier la sensibilité
  • Vérifier la couleur :
    • une cyanose traduit généralement une compression veineuse
    • une pâleur peut signifier une compression artérielle

Conseils aux médecins

  • Une tâche, même minime sur un plâtre, peut traduire une lésion cutanée, une infection, un saignement
  • Une escarre est indolore. Les seuls signes sont des tâches brunâtres ou verdâtres
  • Un plâtre fraîchement posé dégage naturellement une odeur d'humidité. Par contre, une odeur plus prononcée voire fétide signifie une infection, une escarre
  • Bien s'assurer que les contours du plâtre ne génèrent pas de lésion cutanée
  • Ne pas recouvrir un plâtre fraîchement posé. Le séchage effectif demande 24 à 48 heures (2 à 3 heures pour une résine)
  • Tout membre inférieur plâtré nécessite un traitement anticoagulant et donc une surveillance biologique inhérente à prévoir
  • Tout patient plâtré doit être suivi en consultation externe

Conseils aux patients

  • Consulter dès le moindre signe (oedème, fourmillements, cyanose, douleur à l'extension des doigts, odeur suspecte)
  • Ne pas marcher sur le plâtre. Si l'appui est autorisé, attendre le temps préconisé (24 à 48 heures)
  • Ne pas mouiller le plâtre et le protéger avec un sac plastique ou un cellophane pour la toilette
  • Si le plâtre est sale, on peut laver avec une éponge humide et le faire sécher au sèche-cheveux FROID
  • Surélever le membre pour faciliter le retour veineux :
    • le bras : écharpe le jour et oreiller de soutien la nuit
    • la jambe : disposer des cales de 10 cm sous les pieds du lit. A défaut, mettre un oreiller sous les jambes
  • Bien respecter le traitement anticoagulant et les bilans prescrits
  • Ne pas insérer d'objet sous le plâtre en cas de démangeaisons
  • Eviter les vêtements serrés et les bijoux circulaires
  • En cas de membre inférieur plâtré, disposer un petit coussin au niveau de la cheville afin d'éviter une apparition d'escarre talonnière
  • Afin de réduire l'amyotrophie, pratiquer des contractions isométriques (50/h toutes les heures)
  • Ne pas conduire avec un plâtre
  • Faire bivalver le plâtre en prévision d'un long voyage en avion (risque d'oedème)
  • Apprendre à régler les cannes anglaises (coude fléchi à 30°)
  • Apprendre à évoluer dans un escalier :
    • pour monter : membre sain puis membre plâtré puis les cannes
    • pour descendre : les cannes puis le membre plâtré puis le membre sain
  • Apprendre à marcher avec les cannes : pied sain puis pied plâtré puis les cannes

Auteur(s) : Jacques CHEVALIER